
La démocratie n’est pas uniquement un principe politique ; elle est aussi une exigence d’équilibre sociétal, d’équité et de reconnaissance de la dignité humaine sous toutes ses formes.
TRIBUNE : IL FAUT EN FINIR AVEC LE MANAGEMENT HUMILIANT EN AFRIQUE
Il est temps de dire stop.
En Afrique, trop de managers continuent de confondre autorité et brutalité, leadership et intimidation.
En 1997, alors que je travaillais dans une banque de développement, aucun cadre n’osait emprunter l’ascenseur lorsque le président de l’institution s’y trouvait. La crainte paralysait jusque dans les gestes les plus anodins.
Et pourtant, cette même année, durant un stage de perfectionnement à Proparco en France , j’ai été profondément marqué par une scène : le directeur général, avec une humilité désarmante, est venu s’asseoir dans le bureau d’un de ses cadres pour échanger avec lui... et même lui demander conseil.
Quel contraste saisissant entre deux visions du pouvoir et du respect !
Dans cette institution, j’ai vu des cadres africains — en particulier des Sénégalais — tourner le dos à des postes prestigieux, non par caprice, mais par dignité.
Leur éducation, leur intégrité, leur culture ne pouvaient tolérer un management autoritaire, méprisant et déshumanisant.
L’institution s’était ainsi vidée d'une partie de ses forces vives, perdant parfois une sève précieuse qu’elle devait sans cesse tenter de reconstituer.
Ceux qui sont partis faisaient partie des meilleurs, ceux qui ont eu le courage de braver une atmosphère malsaine, convaincus que leur expertise méritait mieux, ailleurs. Et ils ont eu raison.
Trop de travailleurs subissent en silence un management fondé sur l’humiliation, la peur, la délation. On les surveille, on les infantilise, on leur parle comme à des sous-hommes, comme s’ils devaient remercier chaque jour d’avoir un emploi.
Non, le travailleur africain n’est pas un esclave moderne. Je le pense honnêtement
Non, il ne doit pas subir les humeurs d’un supérieur hiérarchique qui se croit tout-puissant.
Non, l'autorité ne doit pas être une épée de Damoclès suspendue au-dessus de têtes déjà accablées par les défis du quotidien.
Le respect est une exigence. La dignité au travail, un droit fondamental.
Encourager la délation, mépriser l’effort, étouffer l’initiative, briser les élans — c’est tuer dans l’œuf tout espoir de développement durable, tout rêve de transformation africaine portée par ses ressources humaines.
Nous ne pouvons pas bâtir l’Afrique de demain avec des modèles de management d’un autre âge. Il nous faut un leadership plus humain, plus humble, plus à l’écoute. Il nous faut des managers qui élèvent, pas qui écrasent. Des responsables qui inspirent, pas qui tyrannisent.
Que chaque manager africain se souvienne : un collaborateur respecté est un collaborateur engagé. Et une équipe respectée est une Afrique qui avance.
Il est temps de changer.
Non, le travailleur africain n’est pas un esclave moderne.
Magaye GAYE